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samedi 11 mars 2023

POLICE DE LA PAROLE ET CORRECTION POLITIQUE



Beaumarchais : « Je me jette à corps perdu dans le théâtre ; me fussé-je mis une pierre au cou ! Je broche une comédie dans les mœurs du sérail ; auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule : à l’instant un envoyé … de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime Porte [les Turcs], la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et de Maroc : et voilà ma comédie flambée, pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate, en nous disant : « chiens de chrétiens » ! Ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant. […] Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours […] je lui dirais … que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours ; que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. […] pourvu que je ne parle en mes écrits, ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. »
Le Mariage de Figaro (1784), V, iii.


VOLTAIRE : « Dans Paris quelquefois un commis à la phrase
Me dit : " À mon bureau venez vous adresser ;
Sans l'agrément du Roi, vous ne pouvez penser.
Pour avoir de l'esprit allez à la police ;
Les filles y vont bien sans qu'aucune en rougisse :
Leur métier vaut le vôtre, il est cent fois plus doux. " »
Épîtres, À M. Pigal.
Poésies diverses CII, Au roi du Danemark Christian VII sur la liberté de la presse, janvier 1771.

   A - On bute sur les formules "on n’a pas le droit de dire n’importe quoi, de dire des contre-vérités", "il faut une limite à la liberté d'expression". Sont invoqués des "faits historiques" établis pour tout éternité, ou le critère subjectif de l’exercice de l’intelligence et de la décence. Le débat public requiert, pour être politiquement républicain et intellectuellement productif, que l’on ne fasse pas de la vérité des propos, de la qualité du style ou de l'humour, le critère d'un droit à la parole.

A / 1) La vérité est ce qui a résisté à la critique, et non pas ce qui en a été protégé.
   La vérité ou la qualité des propos tenus ne sont pas plus le critère du droit à la parole que l'innocence de l'inculpé n'est le critère du droit à un avocat ET à un jugement en contradictoire selon les règles de l'État de droit.

  C'est d'ailleurs ce qui permet l'expression publique des peu vraisemblables croyances monothéistes, apparues il y a plus de 2 500 ans pour les plus anciennes, chez des peuples primitifs et obscurantistes du Moyen-Orient, en Asie actuelle, sur l'axe Nazareth-Jérusalem-Bethléem-Hébron-Médine-La Mecque, et depuis répandues sur la Terre entière. Invraisemblance reconnue par les tenants de la foi, car sans invraisemblance, plus besoin de foi ... « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, [...] », dit la Déclaration... de 1789 et donc notre bloc de constitutionnalité ; même ...

   On n'invoque jamais l'horreur du crime pour supprimer ou limiter ces droits de la défense et le droit à procès en bonne et due forme, appel et recours en cassation, voire recours à la C. E. D. H. . Mais dans le domaine médiatico-politico-intellectuel, il suffit que des propos soient déclarés " inacceptables" par une petite caste trépignant et pétitionnant son indignation, par un administrateur de groupe sur les réseaux sociaux, ou par deux ministres de l'ancien gouvernement Borne II dans le cas de CNews et Europe1, pour que toute argumentation, toute probité, soit abandonnée.
   L’expression « politiquement correct » trouve son origine lointaine dans les milieux marxistes français. Le philosophe Michel Foucault écrivit : « une pensée politique ne peut être politiquement correcte que si elle est scientifiquement rigoureuse » Quinzaine littéraire , N° 46, 1er-15 mars 1968 ; date marquante, car début des " incidents " à l'Université de Paris-X - Nanterre. « Correction politique » présente l'avantage d'exprimer à la fois les aspects normatif et punitif du politiquement correct.

   Arrêt Aussaresses/Orban du 15 janvier 2009, Cour européenne des Droits de l’homme : « la liberté d’expression vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent : ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de « société démocratique ».
Déjà Condorcet : 
« Ni la constitution française, ni même la déclaration des droits, ne seront présentés à aucune classe des citoyens, comme des tables descendues du ciel, qu’il faut adorer et croire. Leur enthousiasme ne sera point fondé sur les préjugés, sur les habitudes de l’enfance. »
Rapport et projet de décret sur l’orientation générale de l’instruction publique, 21-22 avril 1792.


A / 2) La liberté d’expression a été bridée par d'innombrables plaintes d’associations communautaristes accompagnant  ou suivant assez souvent de près des dénonciations de journalistes :

  Edwy Plenel contre Bernard Notin en 1990, Nicolas Weill contre Marc Sautet en juin 1996. Les Inrockuptibles et le journaliste Marc Weitzmann contre Renaud Camus en avril 2000, Lionel Paoli contre Pascal Sevran, le CCIF contre Ivan Rioufol et Georges Bensoussan, etc..

Venues renforcer la loi Pleven initiale
loi similaire à l'ancien article 166 du Code pénal d'Alsace-Moselle (abrogé en janvier 2017) qui réprimait l'outrage à une communauté religieuse,

il y a :

La loi Arpaillange n° 90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe créant un article 24 bis dans la loi sur la liberté de la presse.
la loi Sarkozy/Perben n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique,
le décret Perben n°2005-284 du 30 mars 2005 relatif aux contraventions de diffamation, d'injure et de provocation non publiques à caractère discriminatoire,
la loi Hortefeux/Dati n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations
le projet de loi Valls/Cosse/Kanner/Bareigts N° 3679 « Égalité et citoyenneté ». qui, par son côté " loi d'exception " (articles 37 et 39), fit frémir le Conseil d'État. Devenu loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l'égalité et à la citoyenneté.
NB. La loi Raffarin/Perben n° 2003-88 du 3 février 2003 visant à aggraver les peines punissant les infractions à caractère raciste, antisémite ou xénophobe (proposition de loi de Pierre Lellouche et Jacques Barrot) ne touche pas à la loi sur la liberté de la presse.

Une chronique assez détaillée des poursuites engagées contre diverses personnalités est tenue sur la page du groupe facebook Liberté d'expression..


A / 3) La liberté d'expression est brimée par l'usage d'un vocabulaire orwellien. Or une telle liberté devrait valoir pour tous, et pour tous les sujets ; à défaut, elle se résume à un privilège. 
   La Déclaration de 1789 affirme l’égalité comme principe d’attribution des droits de l’homme, et la liberté comme le premier de ces quatre droits. Elle fait ensuite une place exceptionnelle, et qui coûta très cher à leurs promoteurs, dont les noms sont hélas trop peu connus (quand auront-ils droit à un hommage officiel ?) aux libertés d’opinion et d’expression défendues aussi, c'est surprenant, par Robespierre :
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 10, proposé par Louis de Castellane (1758-1837, emprisonné sous la Terreur) et Jean-Baptiste Gobel (1727 - mort guillotiné le 13 avril 1794).
« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 11, proposé par le duc Louis-Alexandre de La Rochefoucauld d’Enville (1743 - tué le 4 septembre 1792 par des volontaires qui faisaient la chasse aux aristocrates).

 


Sous la IIIe République :
« L’imprimerie et la librairie sont libres. »
Loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 [Jules Ferry], article 1er. [PFRLR, Principe fondamental reconnu par les lois de la République ; concept provenant des jurisprudences administrative et constitutionnelle.]. 

Depuis : « Le service public de l'enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l'objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions. Il doit garantir à l'enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et critique. » Loi Savary 84-52 du 26 janvier 1984, article 3, alinéa 1. [PFRLR].

   Certains débats contemporains font penser au dialogue des « représentants de commerce du Peuple » de Jacques Prévert : « – Qu’est-ce que cela peut faire que je lutte pour la mauvaise cause puisque je suis de bonne foi ? – Et qu’est-ce que cela peut faire que je sois de mauvaise foi puisque c’est pour la bonne cause ? » (Spectacle (1949), Représentation). Au besoin, certains s'empresseront de déformer les propos sur lesquels ils appellent à l'indignation. Il y a émancipation de ces polémistes par rapport à la morale, la probité, mais aussi par rapport à la logique et au langage.

   B - Lexique de la correction politique  :

   Une série de termes ont été soit inventés soit détournés pour dénaturer les notions communes, orienter insidieusement le débat et surtout déconsidérer a priori l’adversaire ;  tels fascisme homophobie islamophobie et négationnisme ; d’autres ont pris une connotation qui bloque les débats publics, comme extrême droite. Dans les deux cas, c’est une police primaire de la parole ; Montaigne parlait de " tyrannie parlière "; Pierre Gassendi de " tyrannie des esprits " [tyrannis ingeniorum]. Voltaire évoquait une forme de tyrannie dans ces lignes :« On n'a jamais fait croire des sottises aux hommes que pour les soumettre. La fureur de dominer est de toutes les maladies de l'esprit humain la plus terrible. [...] Nous devons être jaloux des droits de notre raison comme de ceux de notre liberté. Car plus nous serons des êtres raisonnables, plus nous serons des êtres libres. [...] Le droit de dire et d'imprimer ce que nous pensons, est le droit de tout homme libre dont on ne saurait les priver sans exercer la tyrannie la plus odieuse. » (" Lettre XIII à l'occasion des miracles. Adressée par Mr. Covelle à ses chers Concitoyens ", in Collection des Lettres sur les Miracles écrites à Genève et à Neufchatel, 1767). Renan dénonçait la " tyrannie spirituelle " créée par le christianisme (cf L'Avenir religieux des sociétés modernes).


Déjà Voltaire en 1736

La police primaire de la parole génère une police secondaire de la pensée (cf Kant sur la liberté de penser), Ainsi, on pourra reprocher à l'adversaire politique, que la polémique transforme en ennemi, non seulement ce qu'il dit, mais aussi les mots qu'il emploie ; au besoin, on les changera, la déformation préalable servant admirablement l'indignation.

* * * * * 
Anticommunisme : intimidation ancienne associée à la vieille formule stalinienne : " La gauche s’arrête là où l’anticommunisme commence ". Voir les difficultés insurmontables pour obtenir une journée de commémoration des crimes du communisme (on commence à voir apparaître communistophobe). La première occurrence de ce terme marqué au sceau du totalitarisme semble bien être celle-ci, en 1947 :
« Ma foi l'anticommunisme de Gide, depuis le retour de l'U.R.S.S. ne lui a pas subitement ôté son talent. Gide écrit toujours aussi admirablement. Mais depuis dix ans, l'anticommunisme a souillé le caractère universel du « message » gidien. Depuis 1936, il y a un Gide figé, amer, frivole. Un Gide qui, en 1947, n'a plus derrière lui ce qu'il a eu pendant vingt ans : la jeunesse. Un Gide qui ne sait plus enseigner la ferveur, mais la peur, mais un refus, un rejet. »
Edgar Morin [Nahoum], " « Familles, je vous haïssais » André Gide et le Prix Nobel ", Action,  n° 164 du 19 au 25 novembre 1947.
« Un anticommuniste est un chien, je ne sors pas de là, je n’en sortirai plus jamais. » Jean-Paul Sartre, Les Temps Modernes, octobre-novembre 1961.

Antisémitisme :

Mitterrand ne savait pas...


Si l’antisémitisme était un délit selon l'oukaze de Jean-Paul Sartre (« L’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit », Réflexions sur la question juive, 1946) – le même Sartre qui en 1941 succéda néanmoins, en tant que professeur titulaire au lycée Condorcet, à un professeur juif révoqué ..., le n° 92 de la revue Commentaire en apportait confirmation –, l’historien Jules Isaac (professeur au lycée Masséna de Nice), bien plus compétent en la matière, co-auteur  de nos célèbres manuels Malet-Isaac et auteur de Genèse de l’antisémitisme (Paris : Callmann-Lévy, 1956), y considérait l'antisémitisme comme un courant d’opinion ; ce qui ne lui donne pas de consistance logique ou morale dans toutes ses acceptions pour autant, cela devrait aller sans dire.

Pierre-André Taguieff distingue « l'antijudaïsme antique et médiéval », « la judéophobie sécularisée des Lumières », « la forme nationaliste et raciste qu'elle a prise au XIXe siècle » et « l'antisionisme radical qui s'est internationalisé vers la fin du XXe siècle » (La Judéophobie des modernes : des Lumières au Jihad, Paris : Odile Jacob, 2008. On a effectivement rangé dans la catégorie d’antisémitisme des choses fort différentes qu'il convient de distinguer avec précision :

- l'antijudaïsme pré-chrétien des Gréco-Romains
l'antisémitisme romain du début de l'ère chrétienne
- l'anti-judaïsme théologique chrétien
- l'anti-judaïsme philosophique anti-religieux, voire athée, sécularisé des Lumières
- un préjugé irrationnel de type racial ou nationaliste
- l'hostilité à la politique, voire à l’existence, de l’État d’Israël (antisionisme)
" Selon le témoignage de nombreux auteurs anciens, les Juifs étaient perçus comme arrogants, inhospitaliers, asociaux et misanthropes. Ils refusaient de partager le pain ou un repas avec des non-Juifs, de se marier avec eux ou de rendre hommage à leurs dieux. Ce dernier point était ressenti avec une acuité particulière, car le polythéisme des différents peuples les rendait tolérants à l’égard des religions étrangères, dans lesquelles ils trouvaient des similitudes. Le monothéisme des Juifs faisait figure d’anomalie. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils suscitaient ce qu’on appellera plus tard l’antisémitisme, estime Jasper Griffin, un spécialiste anglais de littérature grecque et latine, en rendant compte du livre de Schäfer dans la New York Review of Books. De nombreux textes anciens témoignent d’un respect intrigué à l’égard de ce peuple pas comme les autres. Le philosophe Théophraste, digne élève d’Aristote, y voyait une « nation de philosophes ». Aussi les incidents qui ont pu faire croire à des accès d’antisémitisme avant l’époque chrétienne doivent-ils être interprétés avec prudence. Schäfer évoque une explosion de violence antijuive qui se produisit dans la ville égyptienne d’Élephantine, près d’Assouan, en 410 avant J.-C.. Mais il s’agissait d’une révolte contre une garnison juive au service des Perses, qui avaient étendu leur empire jusque dans la haute vallée du Nil. Le premier véritable pogrom eut cependant bien lieu avant l’expansion du christianisme, à Alexandrie en 38 après J.-C. Les Juifs réclamaient les mêmes droits et statut que les Grecs et leurs revendications se sont brutalement retournées contre eux. Leurs boutiques et maisons ont été incendiées, avec meurtres et pillages à la clé. De manière significative, le polémiste grec Apion d’Alexandrie commenta : « Si les Juifs veulent devenir des citoyens d’Alexandrie, pourquoi ne révèrent-ils pas les dieux d’Alexandrie ? »  " Une haine antique ", Books n° 69, octobre 2015.


Michel Dreyfus, historien et chercheur, l'affirme : " Apparu à la fin du XIXe siècle, l'antisémitisme s'est construit sur l'antijudaïsme, qui existait dans toute l'Europe depuis le Moyen-Âge. Mais Hannah Arendt minimise cet antijudaïsme. " (« Le livre qui bat en brèche les théories d'Hannah Arendt sur l'antisémitisme », Le Figaro, 2 mai 1923). Depuis la Rome pré-chrétienne, même, selon l'historien académicien Pascal Ory : « Les premiers textes antijuifs sont édictés dès le début du christianisme » (Le Point, 26 octobre 2021). Il y a un antisémitisme pré-chrétienEncyclopaedia Universalis, repère, chez les lettrés grecs et romains, « la constitution précoce d'un discours a priori hostile aux juifs. Depuis Hécatée d'Abdère (fin du IVe siècle av. J.-C.) jusqu'à Dion Cassius (155-235), en passant par Diodore de Sicile [vers -90 / vers -30], Cicéron, Sénèque [dans des Fragments " De la superstition ", XXXVI] ou Tacite, les Anciens ont colporté des récits sur l'origine, les croyances et les rites du peuple juif où le mépris le dispute à l'ignorance. »

Cicéron [-106 / -43], Pro Flacco, xxviii, 66-67 : " Calomnie relative à l’or des Juifs ; tu sais quelle force ils représentent, combien ils sont unis et quel rôle ils jouent dans nos réunions. […] Flaccus [préteur] prohiba par édit les sorties d’or d’Asie […] dédaigner, pour le bien de l’État, cette multitude des Juifs, parfois déchaînée dans nos réunions, fut un acte de haute dignité. "

Flavius Josèphe [37 / 100] prend la défense des juifs : " Apollonios [Molon, début -Ier siècle] n’a pas réuni ses griefs en un faisceau comme Apion [vers -30 / 45] ; mais les a semés çà et là, tantôt nous injuriant comme athées et misanthropes, tantôt nous reprochant la lâcheté, et, au contraire, à d’autres endroits, nous accusant d’être téméraires et forcenés. " (Contre Apion, II, 148).

Diodore de Sicile [1er siècle] : Bibliothèque historique, XL, iii, 8 : la paraphrase d'Hécatée d'Abdère n'a rien d'antisémite.

Sénèque le Jeune (vers -4 / 65 : Lettre XCV : « Les Romains, dit-il avec tristesse, ont adopté le sabbat . ».
De la superstition, XXXVI : « Cette abominable nation est parvenue à répandre ses usages dans le monde entier ; les vaincus ont donné des lois aux vainqueurs. »

Tacite [vers 55  /  vers 118], Histoire, V, 5 : " Les pratiques des Juifs sont ineptes et misérables ; haine hostile à l’égard de tous les autres. "" V, 8 : " Les Juifs étaient le peuple le plus méprisé par les Assyriens, les Mèdes et les Perses ; le roi Antioche [Antiochus IV, vers -215/-163] s’efforça de détruire la superstition nationale et d’introduire la civilisation  grecque. " (Dans Annales, XV, 44, on trouve le récit de la persécution des chrétiens par Néron).

Juvénal [vers 60 / 140], Satires, VI, 547-547 : aere minuto qualiacumque uoles Iudaei somnia uendent qu’Olivier Sers traduit par : « les Juifs te débitent à la demande n'importe quel songe creux pour une pincée de petite monnaie. » (Classiques en poche, Les Belles Lettres).

 L'antisémitisme romain du début de l'ère chrétienne :

Suétone (Ier/IIème siècles) : « Il expulsa de Rome les Juifs qui étaient en effervescence continuelle à l’instigation d’un certain Chrestus.  » [Iudaeos impulsore Chresto assidue tumultuantis Roma expulit.] Vies des douze Césars, " Claude ", XXV).

Justin de Naplouse [IIe siècle] : « Votre main est levée pour le mal ; car, après avoir tué le Christ, vous n’en avez pas même le repentir ; vous nous haïssez, nous qui par lui croyons au Dieu et Père de l’univers, vous nous mettez à mort chaque fois que vous en obtenez le pouvoir ; sans cesse vous blasphémez contre lui et ses disciples. » (Dialogue avec Tryphon le Juif, 133, 3)

Philostrate d'Athènes [vers 200], Vie d’Apollonios de Tyane, V, 33 : « Il y a longtemps que les Juifs sont en révolte non seulement contre les Romains mais contre tous les hommes ; eux qui vivent à part, qui ne partagent avec les humains ni la table, ni les libations, ni les prières, ni les sacrifices […] il aurait mieux valu même ne jamais les annexer. »

Rutilius Namatianus, [poète et homme politique latin de la 1ère moitié du Ve siècle], Membre de l'aristocratie païenne du Bas-Empire, originaire de Narbonnaise, Rutilius compose un journal versifié retraçant un voyage effectué le long des côtes toscanes, poème entrecoupé de divers développements : éloges de parents, invectives contre les Lépides ou les juifs, contre les fonctionnaires...
Sur son retour [De Reditu suo], 383-398 : « Le Juif, une créature qui cherche querelle à la bonne nourriture [le porc] ; […] race dégoûtante qui pratique la circoncision : cette race est la racine de la bêtise […] leur cœur est plus froid que leur croyance. »

- un anti-judaïsme chrétien multiséculaire s'appuyant notamment, après Justin de Naplouse, sur l'accusation de " peuple déicide " portée contre les anciens Hébreux. Notamment de la part de Luther :

Des Juifs et de leurs mensonges, 1543

- un anti-judaïsme philosophique non chrétien, anti-religieux, voire athée, qui est une critique rationaliste du dogme monothéiste et de sa constitution par les Hébreux ; cf Voltaire, Arthur Schopenhauer, Karl Marx et Frédéric Nietzsche.

- À l'inverse un préjugé irrationnel de type racial allant jusqu’à des persécutions et des déportations meurtrières ; pogroms, nazisme.

- une hostilité à la politique, voire à l’existence, de l’État d’Israël (antisionisme) ; notamment, pour ses expulsions et la fuite de 500 000 à 800 000 réfugiés, sa politique à la main lourde depuis la guerre des six jours (1967), le massacre de Sabra et Chatila, en septembre 1982, la seconde Intifada fin 2000, l'opération Plomb durci à Gaza, 2008-2009, l'attaque de la flottille pour Gaza fin mai 2010, la reprise de la colonisation en cis-Jordanie, le projet de serment d'allégeance (octobre 2010), la construction de nouveaux logements pour les juifs à Jérusalem-Est (novembre 2010).

- une hostilité républicaine au communautarisme actuellement incarné en France par le C.R.IJ.F., qui est contraire au principe constitutionnel d’indivisibilité de la République française. Sur son site web, le CRIF se présente comme :
« l’organe de représentation politique de la communauté juive organisée et son porte - parole. »
   Hostilité également à la prétention de ce communautarisme à exercer une police de la parole, depuis la loi Gayssot jusqu'aux pressions du CRIF pour l'interdiction de la conférence avec Stéphane Hessel à l'ENS-Ulm, ou jusqu'à celles de Serge Klarsfeld pour l'annulation de la commémoration du 50e anniversaire de la mort de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline avec les Archives de France.

- une tentative de réexamen des méthodes et de l'ampleur des persécutions antijuives par les nazis (révisionnisme), notamment des chambres à gaz. Tout réexamen est actuellement bloqué par la loi Gayssot du 13 juillet 1990.

 - une lassitude grandissante face au ressassement médiatique, notamment au travers des séries télévisées, des souffrances juives de la Seconde guerre mondiale, comme si les juifs avaient été les seules victimes de cette guerre, comme si la Première guerre mondiale ne comptait pas, elle aussi, de nombreuses victimes ; lassitude devant la promotion du peuple élu (encore sur ARTE le 22 novembre 2013), en plein mépris du reste de l'histoire de France. On a ainsi pu dire ironiquement que la Seconde guerre mondiale devenait un détail de la Shoah ...

- Un nouvel antisémitisme violent qui s'est développé parmi ceux qui s'identifient depuis 1948 à la cause palestinienne soit parce qu'ils sont eux-mêmes d'origine maghrébine, soit parce qu'ils adhèrent à l'islam radical en butte à Israël, aux États-Unis et plus généralement à tout l'extérieur du monde islamique.
Forme d'antisémitisme confortée par la résolution 3379 de l'ONU du 10 novembre 1975, résolution révoquée le 16 décembre 1991 par la décision 46/86.
1975 : " Le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale " (72 voix pour, 35 contre, 32 abstentions).
1991 : " L'Assemblée générale décide de déclarer nulle la conclusion contenue dans le dispositif de sa résolution 3379. " (111 voix pour, 25 contre, 13 abstentions).
C'est précisément ce que Pierre-André Taguieff appella la " nouvelle judéophobie ".

- l'antisémitisme " vieille France " : Pendant ses vingt premières années, Audrey Azoulay, ministre franco-marocaine de la culture de février 2016 à mai 2017,  n'avait jamais eu de problème avant d'intégrer l'ENA : "Ce fut un choc, j'y ai découvert fortement l'antisémitisme vieille France." 
Sans doute celui que décrivait, à tort ou à raison, B.-H. L. dans son Idéologie française.

Le mot antisémitisme ne figure pas dans le Code pénal, ni dans la loi sur la liberté de la presse (1881), ni dans la loi relative à la lutte contre le racisme (1972), ni dans la loi pour la confiance dans l'économie numérique (2004), ni dans la loi visant à lutter contre les contenus haineux sur internet (2020).

Ma recherche d'une définition de l'identité juive :

«  Pour assassiner, rien de tel que l'usage des armes de destruction massive : antisémitisme, fascisme, racisme, colonialisme... J'ai l'habitude. » (Michel Onfray, " L'expo [Albert] Camus et les guillotines en papier ", Le Nouvel Obs, 14 septembre 2012 ; Renaud Camus appelle cela les armes absolues du langage).

Dérapage : délit d’opinion à géométrie variable ; ainsi la journaliste Vanessa Schneider est épargnée pour sa formule (fausse d’ailleurs) sur le père de Nicolas Sarkozy : « Juif hongrois coureur de jupons » (Libération, 8 juillet 2004). Éric Zemmour, Christophe Bentz et Nadine Morano ont été accablés pour leur emploi du mot « race », mot qui figure pourtant

dans le Préambule de 1946 (alinéas 1 et 16) " sans distinction de race, de religion ni de croyance " et " sans distinction de race ni de religion " ;
dans 6 articles du Code pénal avec " une prétendue race " : articles 132-76, 222-13, 225-1 R. 625-7R. 625-8 et R. 625-8-1 ;
dans cinq articles (appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée) : 13-1, 24, 32 et 33 et 48 de la loi sur la liberté de la presse de 1881 ;  dans l'article 48-1 pour l'adjectif raciale
enfin, huit fois dans la Décision-cadre 2008/913/JAI du Conseil de l'Union européenne du 28 novembre 2008 " sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal. "

En 2013, l'Assemblée nationale adopta une proposition de loi visant à supprimer le mot "race" de la législation, mais ce texte ne passa pas l'étape du Sénat où il est en instance depuis le 16 mai 2013.

Éric Zemmour fut ensuite attaqué pour une explication rationnelle des contrôles dits " au faciès ".
« Ce terme 'dérapage' est devenu la nouvelle manière de censurer les gens. Je l'avais déjà observé et analysé et là je le constate à mes dépens. Dès que quelque chose déplaît à la 'bien-pensance', qui a peur de la réalité, elle le taxe de 'dérapage'. C'est devenu un anathème comme 'raciste', 'fasciste' ou 'antisémite' qui permet de diaboliser l'interlocuteur et de couper court à toutes discussions. » (Éric Zemmour, Le Post.fr, 9 mars 2010).
« Vous êtes allés avec les gaullistes (...). Ils ont massacré les vôtres en Algérie et encore, vous allez leur lécher les bottes ! (...) Vous êtes des sous-hommes, vous n'avez aucun honneur ! » (s'adressant à des harkis en février 2006). Georges Frêche fut condamné à 15.000 € d'amende par le T. G. I. de Montpellier pour ces propos, mais gagna en appel. Le 31 mars 2009, la Cour de cassation confirma la relaxe de la Cour d'appel de Montpellier.

« Bon témoin de l'air du temps on recense 840 occurrences du mot dérapage sur le site Rue89. Les dérapeurs se recrutent plutôt à droite malgré quelques exceptions. Hélas, c'est peut-être parce que la police de la pensée recrute surtout à gauche. [...] Rue89 pourrait-il être rebaptisé « Dérapage89 » ? Pas tout à fait car même si le mot revient souvent dans les titres, le côté répétitif de ces prurits vigilants finit par fatiguer tout le monde, même les plus bien-pensants des journalistes. La police de la pensée est plutôt de gauche, mais elle reste une police... La liste des dérapages 2010 est, certes impressionnante. Elle donne la nausée et nous éclaire sur la capacité de la société à s'inventer de faux débats ou à courser les moulins à vent. Mais elle présage peut-être aussi d'une baisse de régime du bien-penser. Trop de vigilance tue la vigilance. »
http://www.marianne2.fr/Mots-de-2010-le-derapage-derape_a201119.html


  L'hebdomadaire Rivarol fut condamné en Cour d'appel de Paris le 21 janvier 2009 pour " contestations de crimes contre l'humanité ", pour un entretien avec Jean-Marie Le Pen qui estimait que l'occupation allemande n'avait pas " été particulièrement inhumaine " [*]. Rivarol souleva alors une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). " Tout a été dit sur le caractère liberticide de cette loi ", selon le conseil de M. Le Pen, Bruno Le Griel, rappelant que la Cour de cassation avait invalidé, en juin 2009, la condamnation de Bruno Gollnisch. Intervenant pour la Fédération nationale des déportés, Arnaud Lyon-Caen jugea que la question n'était pas sérieuse car il était " inconcevable que le Conseil constitutionnel abroge la loi Gayssot ", rappelant que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait décidé qu'elle ne portait pas atteinte à la liberté d'expression. Pour lever " les divisions et les doutes ", l'avocate générale Anne-Marie Batut demanda, sans succès, que cette question (QPC) soit transmise au Conseil constitutionnel. La condamnation de Rivarol devint définitive après le rejet, en juin 2013, de son pourvoi en cassation.

[*] « En France, du moins, l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés […]. Il y a donc une insupportable chape de plomb qui pèse depuis des décennies sur tous ces sujets et qui, comme vous le dites, va en effet être réactivée cette année […]. Mais le plus insupportable à mes yeux, c’est l’injustice de la justice […]. Ce n’est pas seulement de l’Union européenne et du mondialisme que nous devons délivrer notre pays, c’est aussi des mensonges sur son histoire, mensonges protégés par des mesures d’exception. D’où notre volonté constante d’abroger toutes les lois liberticides, Pleven, Gayssot, Lellouche, Perben II. Car un pays et un peuple ne peuvent rester ou devenir libres s’ils n’ont pas le droit à la vérité dans tous les domaines. Et cela quoi qu’il en coûte ».
Je peux donner un témoignage personnel : mes parents, instituteurs dans une école occupée des Alpes de Haute-Provence, m'ont toujours dit qu'ils avaient pu compléter leur maigre ordinaire grâce à un cuisinier fridolin anti-Hitler, les paysans du coin étant surtout préoccupés des activités et gros revenus du " marché noir ", et leur offrant seulement ce dont " les cochons ne voulaient plus ".

Détail : terme connoté péjorativement depuis que Jean-Marie Le Pen l'employa à propos de la place de la question des chambres à gaz nazies dans l'histoire de la Seconde guerre mondiale. L’affaire du “ point de détail ” reste un mauvais procès fait à Monsieur Le Pen qui déclara lors du ‘Grand jury’ RTL-’le Monde’ du 13 septembre 1987, en réponse à une question d'Olivier Mazerolle : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pas pu en voir. Je n’ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. » Le texte de la question de Mazerolle reste introuvable.
C’est en consultant des ouvrages d’histoire traitant la question comme un détail qu’il avait pu parvenu à cette conclusion, que l’on peut évidemment discuter. Mais l’expression “chambres à gaz” ne figure pas dans le sommaire détaillé (2 pages) de l’ouvrage de Raul Hilberg The Destruction of the European Jews, publié en 1961, 2e édition 1985 (traductions françaises Fayard 1988 et Gallimard, collection Folio-Histoire, 1991). On ne trouvait rien sur les camps d’extermination, ni sur les chambres à gaz, dans Histoire de la seconde guerre mondiale de Liddell Hart (1970, traduction française Fayard 1973), ouvrage auquel se fiait Le Pen et qui avait place parmi les Usuels dans la salle des Imprimés (au fond à gauche) de l'ancienne Bibliothèque Nationale, 58 rue de Richelieu, Paris 2e.

Le manuel Histoire de 1890 à 1945 (Hachette, collection GREHG, classes de première, 1988), mentionnait les chambres à gaz page 235, en une seule ligne, dans la partie “Cours” : “ Après 1942, les chambres à gaz font des camps des usines de mort.” Mais cet ouvrage consacrait quatre lignes au “ nylon, ce textile de synthèse mis au point par des ingénieurs de la firme Dupont de Nemours en 1938 et utilisé de façon industrielle pour confectionner les parachutes, avant de conquérir l’habillement et une foule d’autres usages. ”
Dans la partie " Documents ", le seul témoignage produit est celui du communiste (et stalinien ) Fernand Grenier sur Dachau (témoignage publié dans L’Humanité du 4 mai 1945, " L'enfer de Dachau - ce qu'à vu Fernand Grenier "), Dachau où ces gazages homicides furent reconnus inexistants, notamment par Pierre Vidal-Naquet et Madeleine Rebérioux, sans aucune contestation ultérieure.
L'Humanité, 4 mai 1945.

En 1960, Martin Broszat écrivit au journal Die Zeit une lettre qui fut publiée sous le titre « Keine Vergasung in Dachau » (« Pas de gazages à Dachau »). Dans cette lettre, il écrivait notamment : « Ni à Dachau, ni à Bergen-Belsen, ni à Buchenwald des juifs ou d’autres détenus n’ont été gazés. La chambre à gaz de Dachau n’a jamais été complètement terminée ni mise “en service”. Des centaines de milliers de détenus, qui périrent à Dachau ou dans d’autres camps de concentration situés à l’intérieur des frontières de l’Ancien Reich, furent victimes avant tout des catastrophiques conditions d’hygiène et d’approvisionnement : rien que dans les douze mois allant de juillet 1942 à juin 1943, 110 812 personnes moururent de maladie et de faim dans tous les camps de concentration du Reich, d’après les statistiques officielles de la SS. L'anéantissement massif des juifs par le gaz commença en 1941-1942 et il prit place uniquement en de rares points choisis à cet effet et pourvus d'installations techniques adéquates, avant tout en territoire polonais occupé (mais nulle part dans l'ancien Reich) : à Auschwitz-Birkenau, à Sobibor-sur-Bug, à Treblinka, Chelmno et Belzec. »

L’expression “ chambres à gaz ” ne figurait pas dans le "Thésaurus", index détaillé de l’Encyclopaedia Universalis, publié en 1990. En 1992, Annette Wieviorka publia Déportation et Génocide chez Plon ; ce livre accorda cinq pages sur 506 à la « question [sic] des chambres à gaz » ; ces cinq pages relèvent d’une partie intitulée « Diversité des situations dans les camps » ; leur contenu n’apportait aucun élément nouveau mais se bornait à reconnaître la fausseté d’un certain nombre d’affirmations et de témoignages : ceux de l'abbé Georges Hénocque, du journaliste catholique Joseph Rovan, de l'ethnologue Germaine Tillion, entre autres.

Les historiens Serge Berstein et Pierre Milza ont eux aussi traité la question comme un détail dans L’Allemagne 1870-1991 (Paris : Masson, 1992, 278 pages, collection " Un siècle d'histoire ") ; on n’y lit en effet que ces quelques lignes : “ Dans l’euphorie des premières victoires en Russie s’ébauche un plan bien plus ambitieux ; la ‘solution finale’, c’est-à-dire l’extermination de tous les juifs européens. Chargé en juillet 1941 de dresser un rapport sur la question, Heydrich fait adopter en janvier 1942 un plan qui entre aussitôt en application : construire des camps où les juifs seront parqués et exterminés dans des chambres à gaz. Dans toute l’Europe commencent les grandes rafles destinées à alimenter les convois qui convergent vers Auschwitz, Maïdenek, Belzc, Treblinka, etc., où périront six millions de juifs. ”

Plus récemment, une fiche pédagogique assez fournie de l'Académie de Strasbourg ne mentionnait pas de chambres à gaz :
" Shoah en CM2 : enseigner la Shoah, fiche pédagogique "
À supposer que l'on puisse valablement enseigner cette histoire sous le régime de la loi Gayssot.

* * * * *

Invité sur BFMTV le jeudi 2 avril 2015, le président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, réitéra ses propos sur les chambres à gaz, qualifiées de "point de détail de la guerre", qui lui avaient déjà valu d'être condamné, et défendu l'utilité des polémiques dans la progression du FN. Regrette-t-il d'avoir parlé de "point de détail ?", lui a-t-il été demandé par Jean-Jacques Bourdin : " Ce que j'ai dit correspondait à ma pensée, que les chambres à gaz étaient un détail de la guerre, à moins d'admettre que c'est la guerre qui était un détail des chambres à gaz. Je maintiens ces propos car je crois que c'est la vérité ".

AFP, 24 juillet 2015 : " Jean-Marie Le Pen sera jugé en correctionnelle pour avoir de nouveau déclaré, le 2 avril, que « les chambres à gaz étaient un détail » de la Seconde Guerre mondiale, a appris vendredi l’AFP de source judiciaire.
Le parquet, qui avait ouvert une enquête préliminaire juste après ces propos tenus sur BFMTV-RMC, a cité à comparaître il y a quelques semaines le cofondateur du Front national pour contestation de crime contre l’humanité. "

Le 6 avril 2016, Jean-Marie Le Pen est condamné par la XVIIe chambre correctionnelle du T. G. I. de Paris à 30 000 € d'amende pour contestation de crime contre l'humanité. Appel et cassation à suivre.
" L’ancien président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a été condamné mercredi 6 avril à 30 000 euros d’amende pour avoir de nouveau qualifié, il y a un an, les chambres à gaz de « détail » de l’histoire de la seconde guerre mondiale. Le tribunal correctionnel de Paris l’a déclaré coupable de contestation de crime contre l’humanité et a rejeté l’immunité parlementaire qu’invoquait le cofondateur du parti d’extrême droite. " (Le Monde.fr)


Haine : on en accuse à tout bout de champ ceux dont les arguments dérangent.

" Nous n'avons pas les préjugés de nos ennemis, car la vie est la vie, et pas la haine. Les gays et les lesbiennes ne rendent pas moins de services à la France que des théologiens bizarres et des politiciens sans idées. Croit-on d'ailleurs qu'il n'existe pas d'homosexuels à l'UMP, parmi les rabbins, les mollahs et les pasteurs ? Les populistes homophobes et ceux qui répandent leurs propos se rendent-ils compte que leurs incessantes diatribes libèrent les actes ? Que, si des supposés responsables parlent de manière irresponsable, la brutalité va se sentir justifiée ? Dans tout cela, le mariage est un leurre. Une fois qu'il sera acquis, l'homophobie ne cessera pas, et c'est elle qu'il faut criminaliser. S'il y a quelque chose de dangereux dans une société, c'est le lobby de la bêtise et de la haine. " ("Mariage gay : non à la collusion de la haine", Le Monde.fr, 17 novembre 2012).



Homophobie : délit d’opinion créé par la loi Perben portant création de la HALDE, loi n° 2004-1486 du 30 décembre 2004 ; délit contré (après deux condamnations) par l’arrêt Vanneste (Cour de cassation, chambre criminelle, 12 novembre 2008).

« Le terme d’homophobie s’est imposé : ce mot piégé confond (volontairement) le refus de la normalisation symbolique et sociale de l’homosexualité avec l’animosité à l’égard de la personne des homosexuels. L’homophobe, c’est le fasciste d’aujourd’hui. » (Jean Sévillia, Le Terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours, Perrin, 2000). Ce néologisme alimente un discours qui stigmatise un délit d’opinion concrétisé par la notion contradictoire de "propos discriminatoires" (titre III de la loi), notion qui ne fait pas de différence entre le désaccord intellectuel et la discrimination en acte. Ce néologisme "homophobie" dissimule par ailleurs le fait que l’homosexualité relève bien davantage de la liberté et de l'amitié (poussée à l'extrême ...) que de l’égalité des droits sociaux et de la conjugalité. Délit d'opinion qui causa la défaite électorale d'un député du Nord, Christian Vanneste, en juin 2012.

Robert Badinter déclarait en 1982 :
« Chacun de nous est libre de critiquer ou d'approuver l'homosexualité, chacun est libre de choisir ou de ne pas choisir tel ou tel comportement sexuel ; cela relève du choix intime de la personne. » (Sénat, séance du 5 mai 1982, Journal Officiel [Débats Sénat], p. 1634).
Aujourd'hui la liberté de conscience n'existe plus pour l'homosexualité, et une atteinte se trouve ainsi portée indirectement à la liberté religieuse.
« L’homosexualité n’est pas une fatalité. L’homme est libre. C’est un comportement qu’il faut soit quitter, soit assumer. Si on l’assume, ça doit être dans la discrétion et non en s’affichant comme membres d’une communauté réclamant des droits particuliers et une reconnaissance particulière sur le plan social. J’accepte le comportement, je refuse l’identité de groupe. C’est une ineptie de prétendre qu’il y a un comportement de groupe. Je précise encore que je n’ai aucune agressivité à leur encontre. Simplement, je considère qu’ils ne forment ni un groupe ni une communauté. Ce sont des comportements individuels qui ne doivent pas jouir d’une reconnaissance à travers les termes intégrés de la loi. Je n’interdis rien, je ne demande aucune stigmatisation, aucune punition. Simplement que ça reste un comportement individuel, le plus discret possible … Je n’ai pas dit que l’homosexualité était dangereuse, j’ai dit qu’elle était inférieure à l’hétérosexualité. Si on la poussait à l’universel, ce serait dangereux pour l’humanité.» «Indignation et mobilisation après les propos du député UMP sur l’homosexualité (1) », La Voix du Nord, 26 janvier 2005 [texte pris dans l’arrêt de la Cour de cassation du 12 novembre 2008].
1. Selon cet arrêt, « l’opinion développée par le député Christian Vanneste selon laquelle « il existe un modèle social qui est celui du mariage hétérosexuel et de l’éducation des enfants » et selon laquelle face à ce modèle social l’homosexualité est « une menace pour la survie de l’humanité », constitue l’expression d’une opinion et à ce titre ne dépasse pas les limites admissibles de la liberté d’expression et ne peut, en conséquence, constituer une injure […] les expressions utilisées par Christian Vanneste sont mesurées, exemptes de toute invective et de volonté de blesser, ayant pour seul objet de nourrir un débat quant à la nécessité d’adopter le texte qui sert de base à l’incrimination […] ».


Islamophobie : " Forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines, le terme d’«islamophobie», calqué sur celui de xénophobie, a pour but de faire de l’islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme. Cette création, digne des propagandes totalitaires, entretient une confusion délibérée entre une religion, système de piété spécifique, et les fidèles de toutes origines qui y adhèrent. Or une confession n’est pas une race, pas plus que ne l’est une idéologie séculière. " (Pascal Bruckner, " L'invention de l'islamophobie ", Libération, 23 novembre 2010).
http://www.liberation.fr/societe/01012303767-l-invention-de-l-islamophobie

Ce terme, apparu en français dès 1910,
sert désormais à déconsidérer toute tentative de critique de l'islam et tout débat sur l'application de la laïcité à l'islam. Également appliqué à ceux qui sont opposés à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.

HCI, janvier 2004 : « Intégration et racisme.
À la suite de la mise en cause de l'un de ses membres M. Claude Imbert, le HCI [Haut Conseil à l'Intégration] a été conduit à préciser les rapports qui existent entre le racisme, l'islamophobie et l'intégration.

Pour avoir usé du terme d'islamophobe, M. Claude Imbert a été accusé de racisme, notamment par le MRAP. Les membres du HCI ont souhaité, avant de prendre une quelconque position, se réunir sereinement et procéder à un échange avec M. Imbert. Il leur est alors apparu que c'est dans le cadre d'un article consacré à la critique de la politique du pape Jean-Paul II et à propos des musulmans laïques que Claude Imbert avait utilisé le terme " musulmans islamophobes ". Questionné ensuite lors d’une émission de la chaîne LCI sur sa position à l'égard de l'Islam, et, non sans avoir fait preuve d'une réticence à l'égard de l'utilisation de ce mot, M. Imbert a concédé que, s'il signifiait une critique de la religion, il était alors lui-même " islamophobe ".

Dans leur débat, les membres du HCI ont, tour à tour fait valoir qu'aucune confusion ne pouvait intervenir, dans une république laïque démocratique, entre la critique de la religion et le racisme. La première est libre et constitutionnellement protégée ; elle relève de la liberté de conscience et d'opinion. En raison de la séparation des Églises et de l'État, (loi de 1905), la république laïque ne reconnaît pas le blasphème et ne le pénalise pas, contrairement au racisme qu'elle sanctionne très sévèrement.

L'une des caractéristiques de la doctrine raciste est précisément d'établir un amalgame entre l'origine ethnique des personnes et les opinions qu'elles professent, d'identifier les individus et leurs convictions, de réduire les hommes et les idées, en jugeant un individu à partir de ses idées et les idées à partir d'un individu. Poussé à son terme comme ce fut le cas dans le nazisme, cet amalgame a conduit à massacrer des enfants et des adultes juifs qui n'avaient aucune conviction religieuse proclamée.

La pratique de la religion étant libre, l'islamophobie, c'est à dire la peur ou la détestation de la religion islamique, ne relève pas du racisme. M. Imbert comme de nombreux publicistes avant lui s'est livré à de nombreuses critiques du catholicisme, sans que les catholiques se soient déclarés victimes d'un quelconque racisme. Il a, par ailleurs, personnellement, manifesté à de nombreuses reprises sa sympathie pour toutes les réussites issues de l'immigration auxquelles il a contribué activement.
[...]
Après en avoir délibéré, le HCI rappelle unanimement qu’en République la critique de la religion, comme de toutes les convictions, est libre, qu’elle est constitutionnellement garantie et qu’elle fait partie de la liberté d’opinion et d’expression. Elle ne saurait être assimilée au racisme et à la xénophobie, que les membres du HCI réprouvent et combattent activement. »

Rapport "Le contrat et l'intégration : rapport à Monsieur le Premier ministre" de janvier 2004, pages 115-116, 117.


CNCDH (présidée par Christine Lazerges, 72 ans, professeur agrégé de droit privé et sciences criminelles, et ancienne députée PS) : " Le terme « islamophobie » vient mettre en lumière un racisme latent, qui se veut imperceptible, caché sous les dehors acceptables de la liberté d’expression. Dans ce cadre, refuser de parler d’« islamophobie » pourrait être perçu comme une volonté de nier la réalité et l’ampleur d’un phénomène tout particulièrement sensible depuis quelques années, tendant à faire des personnes de confession musulmane un groupe homogène et problématique pour la société. L’ « islamophobie » a pour mérite de désigner une idéologie hostile aux personnes de religion musulmane, perceptible au-delà d’actes antimusulmans épars. [...] l’apparition d’une quasi-phobie, c’est-à-dire d’une peur intense à l’égard de l’islam et des musulmans en France, générant un climat d’angoisse et d’hostilité à leur égard." Rapport 2013 sur la "lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie", Introduction générale (publié le 12/6/2014).

Élisabeth Badinter : " Le pire de cette gauche communautariste est d’avoir accepté le concept d’ « islamophobie » – qui a foutu en l’air le principe de laïcité, car s’élever contre des signes religieux devenait un crime – et l’invention de ce terme au sens propre insensé de « racisme anti-musulman ». "
" Je ne pardonne pas à la gauche d'avoir abandonné la laïcité ", propos recueillis par Eric Conan, Marianne, 3/02/2015.

Limite : variante de suspect, "propos limites" est quasiment synonyme de dérapage ; qualifie des propos méritant seulement l'indignation, pas l'argumentation, selon des gens en général totalement incapables d'argumenter.

Négationnisme : Néologisme dû (en 1987) à l'historien Henry Rousso, appliqué rétroactivement à Paul Rassinier et Maurice Bardèche. Le terme vise à disqualifier le révisionnisme historique, tout comme " anticommunisme " visait à disqualifier les critiques du stalinisme, et " islamophobie " les critiques de l'islam. L'emploi de ces trois termes est une atteinte à la liberté républicaine d'expression.

Dans la culture occidentale, on se devrait, pour la qualité de l’Instruction publique, de fournir en permanence les éléments objectifs établissant les faits scientifiques ou historiques, justifiant les diverses théories ou politiques élaborées à partir de ces faits. On ne peut s’en tenir à la position irréfléchie et improvisée de 34 historiens français qui eurent ce que le philosophe Paul Thibaud, alors directeur de la revue Esprit, appela "un réflexe de cordon sanitaire" ; ils proclamèrent leur refus de débattre :
" Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été techniquement possible puisqu’il a eu lieu. [...] Il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz. " (Le Monde, 21 février 1979).
Plusieurs d’entre eux furent d’ailleurs par la suite opposés à cet "article Gayssot", et aucun des historiens français alors spécialistes de la Seconde guerre mondiale : Henri Amouroux, Henri Michel, René Rémond, n'avait signé cette proclamation.

Dans les années 1990, il y avait sur Internet un ou deux textes de moi qui, tout en ne reprenant pas l"affirmation révisionniste de la non-existence des chambres à gaz (ce que je n'ai jamais fait), demandaient la liberté d’expression pour tous et pour tous les sujets, et critiquait la loi Gayssot (comme le fit en 1991 l'ancien Défenseur des droits Jacques Toubon). Au moment de l'affaire Renaud Camus en 2000, on lui reprochait ces lignes
« Les collaborateurs juifs du " Panorama " de France-Culture exagèrent un peu, tout de même : d'une part ils sont à peu près quatre sur cinq à chaque émission, ou quatre sur six ou cinq sur sept, ce qui, sur un poste national ou presque officiel, constitue une nette sur représentation d'un groupe ethnique ou religieux donné ; d'autre part, ils font en sorte qu'une émission par semaine au moins soit consacrée à la culture juive, à la religion juive, à des écrivains juifs, à l'État d'Israël et à sa politique, à la vie des juifs en France et par le monde, aujourd'hui et à travers les siècles. C'est quelques fois très intéressant, quelquefois non ; mais c'est surtout un peu agaçant, à la longue, par défaut d'équilibre. » (page 48 du Journal 1994 – La Campagne de Franceparu en avril 2000).
J'avais tout naturellement apporté mon soutien à cet écrivain, avec lequel j'étais entré en contact en 1985, lors de la parution de mon Vocabulaire de l'homosexualité masculine qui faisait mention, pages 38-39, du néologisme achrien proposé par Camus. Le journaliste Daniel Schneidermann tomba sur un de mes textes sur Internet, et en avait alors :
1. conclu que j’étais révisionniste ;
2. conclu que Renaud Camus était lié au révisionnisme.
Paniqué, Renaud Camus, réservant ses couilles pour le sauna, retira immédiatement de son site un de mes messages lui apportant mon soutien, message qui figurait dans le dossier de l'affaire, - et prit ses distances avec moi.
Plusieurs années plus tard, il y eu une discussion sur le forum du Parti de l'In-nocence de Camus relativement à cet épisode ; plusieurs éléments donnés étaient inexacts et j'étais intervenu pour les corriger, mais je n'ai pas gardé souvenir ni trace écrite des détails. Ce fut mon unique participation à ce forum.

Provocation : semble avoir tendance à remplacer dérapage. " La provocation de Marine Le Pen " (La presse, décembre 2010, sur l'occupation de rues par des prieurs musulmans ; le Mrap avait porté plainte ...)


Racisme a) :
« Interdire l'expression du racisme, c'est tout simplement militer pour le refoulement, pour le secret, le renfermement et la conspiration. Et à terme, pour plus d’attentats, plus de meurtres. »
Serge July, alors directeur du quotidien Libération, "La liberté d'expression des racistes", Libération, 24 novembre 1978.
C'est surtout renoncer à instruire, à éduquer, à combattre les préjugés. Par ailleurs la loi Pleven du 1er juillet 1972 amalgame religion et d'autres notions qui lui sont distinctes, ce qui mènera certains à parler de racisme anti-musuman, Critique de Mme Élisabeth Badinter :

Voir le beau texte de Claude Lévi-Strauss sur le sujet :

   Claude LÉVI-STRAUSS : « [En 1971 devant l’UNESCO] je m’insurgeais contre l’abus de langage par lequel, de plus en plus, on en vient à confondre le racisme défini au sens strict et des attitudes normales, légitimes mêmes, et en tout cas inévitables. Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus, de quelque façon qu’on le définisse, l’effet nécessaire d’un commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou imputer automatiquement au même préjugé, l’attitude d’individus ou de groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à d’autres valeurs. Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de penser au dessus de toutes les autres, et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette incommunicabilité relative n’autorise certes pas à opprimer ou détruire les valeurs qu’on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n’a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement.

   Si, comme je l’écrivais dans Race et histoire, il existe entre les sociétés humaines un certain optimum de diversité au delà duquel elles ne sauraient aller, mais en dessous duquel elles ne peuvent non plus descendre sans danger, on doit reconnaître que cette diversité résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi ; elles ne s’ignorent pas, s’empruntant à l’occasion, mais, pour ne pas périr, il faut que, sous d’autres rapports, persiste entre elles une certaine imperméabilité.

   Tout cela devait être rappelé, et plus encore aujourd’hui où rien ne compromet davantage, n’affaiblit de l’intérieur, et n’affadit la lutte contre le racisme que cette façon de mettre le terme, si j’ose dire, à toutes les sauces, en confondant une théorie fausse, mais explicite, avec des inclinations et des attitudes communes dont il serait illusoire d’imaginer que l’humanité puisse un jour s’affranchir ni même qu’il faille le lui souhaiter. » (Le Regard éloigné, Préface, Paris : Plon, 1983)

Racisme b) :

Des associations ont considéré comme raciste cette réplique d'Éric Zemmour : « Pourquoi [quand on est noir ou arabe] on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. C'est comme ça. C'est un fait. » ; phrase rapportée par la presse sous la forme : « Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C'est un fait » (6/3/2010, dans l'émission de Thierry Ardisson).

La formule des probabilités conditionnelles qui relaxe immédiatement Zemmour de l'accusation de racisme, la voici (d'après un article de Jean-Michel Claverie) :

U : univers des possibles
p : probabilité d'un événement E (sous hypothèse d'équiprobabilité) ; p(E) = card(E)/card(U)
I : un individu est immigré (E = I)
T : un individu est trafiquant (E = T)

p(T/I) est la probabilité de l'événement T sachant que l'événement I est réalisé.

p(T/I) = [p(I/T)x p(T)]/p(I)

Ceci d'après les deux manières de calculer p(I∩T), probabilité de "I et T", qui est aussi p(T∩I)

Application numérique :

Si l'on prend :

p(I/T) = 0,5
p(T) = 1/10 000
p(I) = 0,1

alors p(T/I), la probabilité qu'un immigré soit trafiquant, n'est égale qu'à 1/2 000.


Le même traitement mathématique est applicable à la phrase de Dieudonné qui dit que les plus grands escrocs sont pratiquement tous juifs, ce qui ne veut pas dire que les juifs sont pratiquement tous de grands escrocs.

" La plupart des trafiquants sont noirs et arabes " de Zemmour a été lu à l'envers comme signifiant " la plupart des noirs et arabes sont trafiquants ". On comprendra peut-être mieux sur cet exemple :

" la plupart des prisonniers sont des hommes " [exact, 96 %] ne signifie pas "la plupart des hommes sont en prison".

Mais la correction politique ignore la théorie élémentaire des ensembles, qui apparemment n'est pas enseignée dans les écoles de journalerie (pas plus que la logique).

À noter cette revanche tardive d'Éric Zemmour :

" L'État français, condamné pour cinq contrôles au faciès, a décidé de se pourvoir en cassation. Mediapart a pris connaissance du mémoire qui vient d'être transmis à la Cour, dans lequel il est jugé légitime de ne contrôler que les Noirs et les Arabes au motif qu'ils ont plus de chances d'être étrangers et donc sans papiers. " (Médiapart, 25/2/2016).

Robert Redeker : « Aux notions de bien et de mal est substitué un nouveau lexique, postérieur à la mort de Dieu (fin de la morale) et à la mort de la politique (fin de l'histoire) : le lexique du racisme et de l'antiracisme. C'est tout simplement parce que le Bien et le mal, la morale et la politique se sont éclipsés de nos sociétés que le racisme a pu s'installer à la place du mal et l'antiracisme à celle de la morale. Descartes forgea la notion de morale par provision, parfois appelée morale provisoire, notre époque invente la morale par substitution, l'antiracisme. Du coup, l'antiracisme est chanté partout comme l'alpha et l'oméga de la morale et de la politique, leur fine fleur. » "Richard Millet, Annie Ernaux, et le fantôme du Mal", Le Monde.fr, 21 septembre 2012.


Stigmatisation : Nom donné à la critique de la sinistre religion islamique quand on veut faire passer cette critique pour du racisme à l'égard des Arabes, noirs, Pakistanais et Indonésiens. S'applique aussi aux tentatives de traitement des questions de l'immigration excessive et de la délinquance des jeunes issus de l'immigration. Le C. F. C. M. a trouvé une solution originale
" pour que l'islam, religion de paix qui sacralise la vie, soit dissocié définitivement du terrorisme" (communiqué du 22 mars 2012), "que soit abandonné l'usage des termes islamiste ou islamisme qui nourrit l'amalgame entre islam et terrorisme et fait souffrir des millions de musulmans qui tiennent à défendre la dignité de leur foi et de leur religion ".
La NovLangue est un appauvrissement de la langue française ...



Xénophobie : "Ne s’emploie qu’à l’encontre des Français d’origine européenne et de religion chrétienne qui entendent protéger leur identité ou leurs préférences (trad. : identité) ; les agissements comparables des autres groupes sont qualifiés au pire de “communautarisme”. Dictionnaire de novlangue, Polémia, 2008.


 C - D’autres termes orientent le débat (novlangue à la française) :

" Cette langue qu’il [le complexe politico-médiatique] a inventée pour ne pas dire, pour ne pas montrer, pour cacher ce qui survient et qui est déjà survenu : les jeunes pour les délinquants, les quartiers populaires pour les quartiers que les couches populaires indigènes ont dû fuir, les quartiers sensibles pour les zones de violence et de non-droit, le multiculturalisme pour la grande déculturation, la diversité pour le triomphe du même, pour la disparition des identités, pour la banlieue universelle. Etc. " Renaud Camus, Assises de l'islamisation, 18 décembre 2010.


Avancer en âge : euphémisme pour "vieillir" proposé par la ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’Autonomie, Michèle Delaunay.


Casier médiatique : « Caroline Fourest, dans sa chronique du 27/3/10, soulignait l'accumulation des dérapages d'Éric Zemmour, notant : " En matière de raccourcis, le casier médiatique d'Éric Zemmour est loin d'être vierge. " L'effet ne s'est pas fait attendre. " Ce casier médiatique n'est pas une plaisanterie, un raccourci. C'est un vrai concept. Le CSA est assimilé à une instance judiciaire qui a les mêmes rapports avec les journalistes que les délinquants récidivistes avec la police ", désapprouve Marc Salomone (Paris) ». Véronique Maurus, "Les trublions", Le Monde, 4 avril 2010,


Cisgenre : « Il faut se méfier du mot « cisgenre » : ce néologisme stigmatise implicitement tous ceux qui se reconnaissent dans le sexe qui leur a été « assigné à la naissance », selon le nouveau vocabulaire transactiviste – comme si le constat du sexe relevait d’une décision arbitraire, indépendante de la physiologie. Il s’oppose bien sûr à « transgenre », cette catégorie nouvellement érigée en solution des problèmes d’identité des jeunes, et en objet d’un prosélytisme forcené sur les réseaux sociaux, ainsi que d’une manne financière pour les chirurgiens et les laboratoires producteurs de traitements hormonaux. »


Citoyen (adj.) : conforme à ce qu'attend la correction politique. Philippe Muray avait relevé ce glissement sémantique dans ses Exorcismes Spirituels.


Communauté : invoquée à tout bout de champ dans notre République indivisible ; exemple : « site francophone s’adressant à la communauté bisexuelle » (pris sur Internet)


Diversité : terme qui sert à la promotion de la confusion entre multiracialisme et multiculturalisme (Multikulti). " Français d’origine française " : environ 50 000 références sur Google pour cette expression qui enregistre la perte de sens du terme « Français ». On dit aussi " personne de la diversité " (euphémisme de "racaille" ?). En revanche, ne jamais dire " Français de souche ".
« Il faut se méfier désormais du mot « diversité », car au-delà de sa connotation sympathique, ouverte, accueillante, il signifie de fait l’imposition d’une vision communautariste de la citoyenneté, où les individus doivent être traités en tant que membres d’une « communauté » et non pas comme membres d’une nation voire de la commune humanité. »
L’entrisme sémantique du wokisme

Mémoire : concept promu par Pierre Nora, dévoyé ensuite ; les mémoires communautaires sont promues en lieu et place de l’histoire objective (Histoire) qui devient impossible à enseigner. à la fin du deuxième millénaire, le matérialisme historique échappait aux règles de la connaissance et de la logique ordinaires ; aujourd’hui, la mémoire collective à usage politique et communautaire récuse le savoir, et plus précisément l’histoire méthodique et objective, jusque dans l’enseignement, au nom du principe totalitaire « tout est politique » ; il semble que l’on suive le slogan du Parti dans 1984 de George Orwell : "Who controls the past controls the future : who controls the present controls the past".


Modération : euphémisme pour "censure". Exemple : " Cet article génère un nombre très important de commentaires qui doivent être tous revus en raison du sujet abordé. Il ne nous est matériellement pas possible d’assumer cette charge additionnelle. En conséquence, cet article ne sera pas ouvert aux commentaires. Veuillez nous en excuser. Merci de votre compréhension. La modération. " (LaLibre.be, 8 mai 2010). Au Figaro.fr, " modération refusée " était un euphémisme pour " commentaire censuré ". Maintenant, on reçoit le simple avis " refusé ".


Éric Mettout, directeur adjoint de la
rédaction et modérateur à l'Express.fr

« Avertissement de modération  compte tenu du caractère sensible de ce thème, nous serons particulièrement sensibles à la bonne tenue des débats. Merci donc de ne pas tenir de propos xénophobes, islamophobes ou discriminatoires. » (lexpress.fr, 6 octobre 2012, sur l'article " Présidence de l'UMP: Copé, le pain au chocolat et le ramadan ".

" Netino est une société française spécialisée dans la modération des espaces participatifs ainsi que le 1er niveau de réponse. Elle a été fondée en 2002 par Jean-Marc Royer et elle est dirigée depuis 2010 par Jérémie Mani. [...] La modération est réalisée par des modérateurs professionnels recrutés dans des pays francophones à bas coûts (Maroc, Mali, Sénégal, Madagascar, Ile Maurice, seul 20% des salariés sont en France) " (wikipedia)

Autres sociétés spécialisées : Concileo et Atchik.



D /  Dans ce qui est bien davantage une mutation qu’un déclin du marxisme,
le sélectif " devoir de mémoire " de l’individu communautaire remplace la " prise de conscience " proposée au prolétaire ; il entraîne une surenchère dans la culpabilisation collective des uni-nationaux et Français de souche (ceux qui ont au moins trois grands-parents français), une dérive intolérante dans l’opinion et les médias engagés. En revanche, comme remarqua le philosophe Jacques Bouveresse, l’abandon du marxisme n’est l’objet d’aucun commencement de réflexion de la part de ses anciens fidèles , mais l’ont-ils véritablement abandonné ? On peut en douter.


   Les restrictions actuelles à la liberté d’expression participent d’une forme de lutte politique dont les tenants considèrent que c’est l’orthodoxie qui donne le droit à la parole, orthodoxie qu’ils appellent justice sociale ou vérité et dont ils prétendent qu’on ne peut accepter de la placer sur le même plan que l’erreur (l'erreur selon eux ...). Le Monde des Débats de septembre 2000, page 23, l'exposait clairement : « Nazisme, bolchevisme, antisémitisme hantent notre histoire. Faut-il accepter de discuter le lien que l’historien allemand Ernst Nolte (cf la querelle des historiens) établit entre eux ? Ou sa thèse est-elle trop suspecte pour être prise en considération ? ».

L'aveu : Catherine Barma, productrice de l’émission, déclara travailler sous la censure : " Un responsable de France 2 assiste à tous les enregistrements [de " On n’est pas couché "] et à ce jour nous n’avons jamais monté une séquence sans son accord et celui de la chaîne. " (télé-2-semaines.fr, 18 mars 2010). Le nom de ce censeur ? " Le censeur est un des conseillers de programme des magazines de la Chaîne ", m'écrivit Franck Vautier, du service Relations téléspectateurs de France 2.


   Nouvelle loi des suspects, certes plus douce, pour l’instant, que celle de la Convention en 1793. Le terme "journalisme" désigne désormais « autant une idéologie qu’un métier », concluait, après une longue fréquentation de la presse française, Paul Thibaud, ancien directeur de la revue Esprit ; c’est l’idéologie du politiquement correct, de la soumission obligée de la compétence à la majorité, de la valeur au vedettariat, l’idéologie du primat du commun sur le savoir, du spectacle sur la culture, du politique sur l’épistémologique, de la prétention vigilante à agiter des infos et à alerter sur la conscience du besoin de se documenter, d’étudier, de comprendre et de s’expliquer. C’est pourquoi Inter Net, dont le pluralisme est bien supérieur à celui des grands médias, suscite autant d’inquiétude chez les journalistes et les politiques adversaires de la liberté d’expression, liberté qui ne se réduit pas à la liberté de la presse, et qui est une valeur culturelle, intellectuelle, et pas seulement une valeur politique, démocratique


Pour une analyse plus théorique de la question, voir cet article de Philippe Nemo que j'avais découvert en septembre 2012, "Liberté d'opinion et lois de censure : les processus de régression de la pensée juridique française"

Je connaissais en revanche ces lignes de 2004 :

« Rien n'est censé être, par principe, tenu à l'abri de la critique. Il n'y a pas de dogmes, de vérités "sacrées", intangibles, que l'on n'ait pas le droit d'interroger et de remettre en cause. En revanche, étant donné que ce qui rend la liberté de penser féconde, ce n'est pas l'acte libre du penseur en lui-même, mais la confrontation des diverses hypothèses sur l'espace public, l'exercice fécond de la liberté de penser par un citoyen a pour condition sine qua non la reconnaissance de la même liberté de penser chez les autres. En d'autres termes, il faut qu'il y ait adhésion sans réserve aux règles mêmes du pluralisme, déontologie de la presse, règles du débat académique, règles du débat public en général. Cela exclut donc que quiconque, pour faire prévaloir une vérité, puisse compter sur quelque forme que ce soit de coercition étatique. Le mouvement "politically correct" qui a sévi pendant quelques années dans les universités américaines était à cet égard une grave régression civilisationnelle. De même que la loi du 13 juillet 1990 imaginée en France par le député communiste Gayssot pour frapper de sanctions pénales l'expression de toute opinion concernant le génocide des juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale qui divergerait si peu que ce soit de la version couramment reçue (" Seront punis [...] ou internationale."). Cette loi fut votée comme un seul homme par l'Assemblée nationale, circonvenue en l'occurrence par la pression médiatique comme les assemblées révolutionnaires l'étaient par les sans-culottes armés de piques. La loi Gayssot, en effet, ne limite pas l'interdiction de l'expression de certaines pensées à ce qui pourrait troubler en pratique l'ordre public, mais elle interdit l'expression de certaines opinions en tant que telles ("ceux qui auront contesté ..."). Elle institue donc un dogme d'État. Le caractère partisan et le non-sens scientifique de ce dogme ne se perçoivent que trop bien a contrario par le fait que la loi ne rend pas passible de sanction pénale la sous-estimation des crimes communistes, qui ont eu la bonne fortune de ne pas être visé par le tribunal de Londres [sic, pour le tribunal institué par l'accord de Londres] dont les Soviétiques étaient membres. Un rapport de forces devient ainsi norme de vérité. D'autre part, il est sans précédent qu'on donne comme critère de vérité scientifique des jugements de tribunaux. On peut exprimer les mêmes réserves au sujet des lois actuellement discutées, ou projetées, concernant les sectes, l'homophobie, l'islamophobie, etc. - bref, tout ce qui ne plaît pas à l'opinion dominante, ou, plus exactement, à l'opinion des actuelles catégories dominantes. L’existence de ces censures n’a de sens que si l’on croit que toute la vérité scientifique possible au sujet de l’homosexualité, de l’islam et des autres sujets concernés est d’ores et déjà entièrement disponible et que les thèses prévalant actuellement à leur sujet ne seront jamais modifiées par le progrès des connaissances. Ce dispositif répressif revient à identifier les vues de la classe politique au pouvoir – pourtant bien fragiles, puisqu’elles sont essentiellement inspirées par la mode et les médias – avec quelque Savoir Absolu. J’aimerais qu’on me dise en quoi consiste, aux bûchers près, la différence entre ce dispositif pénal "moderne" et l’Inquisition (qu’on professe pourtant haïr). Mais l’analyse de la triste régression des Lumières en France dont ces lois de censure sont, tout à la fois, un symptôme et une cause, excède le propos du présent essai. »
Philippe Nemo, Qu'est-ce que l'Occident ?, Paris : PUF, 2004 (octobre), pages 143-144, note 64.


Normes juridiques supranationales et autres textes internationaux : 

  « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. » ONU, Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948, article 19. [Texte dépourvu de valeur juridique contraignante]. 

« 1 Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les Etats de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations. 
2 L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire. »
Convention Européenne des Droits de l’Homme [Conseil de l’Europe, 1950], article 10. 

« La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet que des seules restrictions prévues par la loi et qui sont nécessaires à la protection de la sécurité, de l’ordre et de la santé publique, ou de la morale ou des libertés et droits fondamentaux d’autrui. »
Pacte international relatif aux droits civils et politiques, 1966, article 18, alinéa 3.

 « Conformément à l'article premier de la présente Déclaration et sous réserve des dispositions du paragraphe 3 du dit article, le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction implique, entre autres, les libertés suivantes :
a) La liberté de pratiquer un culte et de tenir des réunions se rapportant à une religion ou à une conviction et d'établir et d'entretenir des lieux à ces fins ;
b) La liberté de fonder et d'entretenir des institutions charitables ou humanitaires appropriées ;
« c) La liberté de confectionner, d'acquérir et d'utiliser, en quantité adéquate, les objets et le matériel requis par les rites ou les usages d'une religion ou d'une conviction ;
d) La liberté d'écrire, d'imprimer et de diffuser des publications sur ces sujets ;
e) La liberté d'enseigner une religion ou une conviction dans les lieux convenant à cette fin ;
f) La liberté de solliciter et de recevoir des contributions volontaires, financières et autres, de particuliers et d'institutions ;
g) La liberté de former, de nommer, d'élire ou de désigner par succession les dirigeants appropriés, conformément aux besoins et aux normes de toute religion ou conviction ;
h) La liberté d'observer les jours de repos et de célébrer les fêtes et cérémonies conformément aux préceptes de sa religion ou de sa conviction ;
i) La liberté d'établir et de maintenir des communications avec des individus et des communautés en matière de religion ou de conviction aux niveaux national et international. »
Déclaration sur l'élimination de toutes formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, proclamée par l’Assemblée générale de l’ONU le 25 novembre 1981." (Résolution 36/55), article 6.


E / Jurisprudence internationale

1) Dans la décision sur l'affaire Handyside, la Cour dit qu'elle a, en la matière, un rôle de surveillance qui lui commande "de prêter une extrême attention aux principes propres à une société démocratique". L'article 10 § 2 n'a pas été violé par le Royaume Uni lorsque les tribunaux de celui-ci ont fait saisir un ouvrage pour les élèves des institutions scolaires âgés de 12 à 18 ans, publié en 1971 par le sieur Handyside, The Little Red Schoolbook, ouvrage qui a pour objet, notamment, de faire leur éducation sexuelle et qui affirme, entre autre, que "la pornographie est un plaisir inoffensif si on ne la prends pas au sérieux". ...
La Cour pose un principe libéral, à savoir que la liberté d'expression "vaut non seulement pour les "informations" ou "idées" accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l'État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture, sans lesquels il n'est pas de "société démocratique". Cour Européenne des Droits de l’Homme, Handyside c. Royaune-Uni, 7 décembre 1976)

2) « La liberté de pensée, de conscience et de religion représente l'une des assises d'une société démocratique au sens de la Convention. Elle figure, dans sa dimension religieuse, parmi les éléments les plus essentiels de l'identité des croyants et de leur conception de la vie, mais elle est aussi un bien précieux pour les athées, les agnostiques, les sceptiques ou les indifférents. Il y va du pluralisme - chèrement conquis au cours des siècles - consubstantiel à pareille société. Si la liberté religieuse relève d'abord du for intérieur, elle implique de surcroît, notamment, celle de manifester sa religion ». Cour Européenne des Droits de l’Homme, Kokkinakis c/ Grèce, 25 mai 1993.

3) « La liberté d'expression vaut non seulement pour les "informations" ou "idées" accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent : ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture sans lesquels, il n'est pas de "société démocratique" ». Cour Européenne des Droits de l’Homme, 21 janvier 1999, n°29183/95, Fressoz et Roire c. France.

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